L’Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL) n’a cessé de déployer ses ailes pour devenir aujourd’hui l’une des phalanges de chambre les plus demandées d’Europe. La nomination à sa tête en 2015 de l’un des jeunes chefs les plus prometteurs de la nouvelle génération, l’américain Joshua Weilerstein, en est la preuve éclatante. De formation Mannheim (soit une quarantaine d’instrumentistes), il embrasse un vaste répertoire qui va des premiers baroques à la création contemporaine.
Très vite convié à l’étranger, il participe au Festival d’Aix-en-Provence dès la deuxième édition, ses tournées en Allemagne puis aux Etats-Unis sont des succès retentissants, comme ses concerts plus récents au Théâtre des Champs-Elysées ou aux BBC Proms de Londres. Parmi ses dernières invitations, on citera le Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, le Festival Rostropovitch de Moscou et le Festival d’Istanbul. En 2017—2018, l’OCL s’est produit pour la première fois au Konzerthaus de Vienne et à la Philharmonie de Berlin.
Ses concerts sont rythmés par l’engagement de solistes de premier plan : de Clara Haskil, Alfred Cortot, Walter Gieseking et Edwin Fischer à Murray Perahia, Radu Lupu, Martha Argerich et Nikolai Lugansky chez les pianistes, d’Arthur Grumiaux à Frank Peter Zimmermann chez les violonistes, de Paul Tortelier à Truls Mørk chez les violoncellistes, ou encore de Jean- Pierre Rampal à Emmanuel Pahud chez les flûtistes, les plus grands noms l’ont gratifié de leur concours et continuent plus que jamais à lui faire confiance. L’OCL a aussi toujours su attirer les baguettes les plus intéressantes du moment : de Günter Wand à Christoph Eschenbach, de Paul Hindemith à Ton Koopman, de Jeffrey Tate à Bertrand de Billy, il s’enrichit sous leur direction des influences les plus diverses. À l’instar du disque, qui offre un miroir pérenne de cet esprit d’ouverture : de l’intégrale des opéras de Haydn dans les années 1970–1980 sous la direction d’Antal Dorati aux concertos de Beethoven avec Christian Zacharias (en DVD chez Bel Air Media), en passant par les récentes gravures dédiées à Schoenberg et Webern (avec Heinz Holliger) et à Spohr et Weber (avec Paul Meyer), la vitrine est séduisante et parfaitement en phase avec l’identité historique de l’OCL. Consacré à Stravinsky, le premier disque de l’orchestre sous la direction de Joshua Weilerstein est paru au printemps 2016.
Résident de la Salle Métropole, l’OCL est l’hôte régulier de la fosse de l’Opéra de Lausanne et le partenaire privilégié de nombreuses institutions de la région telles que la Haute Ecole de Musique de Lausanne, la Manufacture (Haute école des arts de la scène), la Fondation Pierre Gianadda de Martigny, le Festival d’opéra Avenches ou le Concours de piano Clara Haskil de Vevey. Il est également un partenaire historique de la Radio Télévision Suisse, dont il nourrit les programmes depuis l’origine et profite en retour de son vaste réseau de diffusion national et européen. C’est ainsi que ses concerts, enregistrés par Espace 2, sont mis à la disposition du public en écoute à la demande sur www.espace2.ch.
Une phalange du rang de l’OCL, c’est bien sûr des affiches aux noms de solistes et de chefs invités prestigieux, mais c’est d’abord une identité forte forgée au fil des ans par un petit nombre de directeurs artistiques. Au fondateur Victor Desarzens (1942—1973), qui marque l’institution par son engagement infatigable en faveur des créateurs suisses (Frank Martin en tête) succèdent Armin Jordan (1973—1985), qui par les disques (chez Philips et Erato) accentue considérablement le rayonne- ment international de l’orchestre, puis Lawrence Foster (1985—1990), Jesús López Cobos (1990—2000), Christian Zacharias (2000—2013) avec une exceptionnelle intégrale des concertos pour piano de Mozart chez MDG, pour arriver en 2015 à Joshua Weilerstein, qui d’emblée déclare son intention de poursuivre l’œuvre de ses prédécesseurs tout en inscrivant l’OCL dans le XXIe siècle, par le biais de programmes audacieux ou l’exploitation plus efficace des nouveaux moyens de communication.